Skincare chez les adolescents : une tendance préoccupante aux conséquences multiples

La montée en flèche des routines de soin de la peau chez les adolescents inquiète les dermatologues. Encouragée par les réseaux sociaux, cette obsession croissante pour une « peau parfaite » pourrait entraîner des dommages cutanés et des impacts psychologiques durables. Les experts appellent à la prudence face à des pratiques inadaptées et parfois risquées.

Une tendance alimentée par les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux regorgent de vidéos virales où des jeunes, parfois âgés de seulement 8 ans, exhibent leurs routines de soin de la peau. Ces contenus, souvent réalisés par des influenceurs, promeuvent des produits aux actifs puissants comme le rétinol ou les acides exfoliants, initialement conçus pour des peaux adultes. Selon un rapport du Royaume-Uni, l’utilisation de crèmes anti-âge chez les adolescents de 11 à 16 ans a bondi de 21 % en seulement deux ans, tandis que l’achat de produits pour blanchir les dents a explosé de 150 %.

Pour beaucoup, cette tendance est motivée par une quête de perfection alimentée par les standards irréalistes véhiculés sur les plateformes numériques. « Les adolescents sont influencés par ce qu’ils voient sur les réseaux sociaux, sans vraiment comprendre les effets potentiels sur leur peau », explique la dermatologue Paloma Borregón, directrice de la clinique Kalosia à Madrid.

Les dangers des produits inadaptés

Les dermatologues alertent sur les risques liés à l’utilisation de produits cosmétiques inappropriés pour les jeunes peaux. La docteure Andrea Cortés, experte en dermocosmétique, explique : « La peau des préadolescents est plus fine, bien hydratée naturellement et très sensible. L’application de produits comme le rétinol ou les acides exfoliants peut provoquer des irritations, des allergies ou même des dommages permanents à la barrière cutanée. »

Le docteur Vicent Alonso, coordonnateur de GEDET, ajoute :  » « Ces produits, souvent trop concentrés pour des peaux encore en développement, peuvent entraîner des dermatites, des irritations ou même aggraver l’acné. En outre, une utilisation excessive de maquillage et de soins combinés peut amplifier la sensibilité au soleil ou créer des déséquilibres cutanés durables. »

Un impact psychologique préoccupant

Au-delà des dommages physiques, cette obsession pour les soins de la peau engendre également des répercussions psychologiques. Les adolescents, sous la pression des réseaux sociaux, développent des complexes liés à leur apparence. Une étude réalisée par Kantar montre une augmentation de 23 % en seulement un an du nombre de jeunes filles âgées de 11 à 16 ans inquiètes à propos de ridules ou d’imperfections qu’elles n’ont pas encore. Cette anxiété, alimentée par les comparaisons en ligne, peut conduire à une baisse de l’estime de soi et, dans certains cas, à des troubles obsessionnels ou des comportements d’achat compulsifs, qualifiés de « cosmeticorexie » par les experts.

La docteure Tess McPherson, membre de la British Association of Dermatologists, avertit : « Ce phénomène ne se limite pas à des dommages cutanés. Il peut favoriser des troubles de santé mentale, une obsession pour l’apparence physique et même le recours à des interventions esthétiques précoces, avec des risques sérieux pour le bien-être global. »

Un appel à la sensibilisation et à l’éducation

Face à cette tendance, les experts appellent à une meilleure éducation sur les soins de la peau. Il est essentiel d’adopter une approche adaptée à l’âge, en privilégiant des routines simples et non agressives. « À partir de 12 ans, une routine basique comprenant un nettoyant doux, une crème hydratante adaptée et une protection solaire est suffisante », conseille la docteure Cortés. Avant d’introduire des produits plus spécifiques, une consultation dermatologique est fortement recommandée.

Les marques de cosmétiques commencent à prendre conscience de leur rôle dans cette problématique. Certaines, comme Dove, s’engagent dans des campagnes de sensibilisation pour contrer la pression exercée par les standards de beauté irréalistes. À travers des collaborations avec des influenceurs et des experts, ces initiatives visent à promouvoir une image corporelle positive et à éduquer les jeunes sur les dangers des pratiques cosmétiques inadaptées.

Vers une prise de conscience collective

Pour les parents, la gestion de cette obsession croissante représente un défi. Beaucoup témoignent de la difficulté à limiter l’accès de leurs enfants aux produits promus en ligne ou à les protéger de l’influence des réseaux sociaux. Une mère interrogée par Sky News a confié avoir restreint l’argent de poche de sa fille pour l’empêcher d’acheter des cosmétiques, tandis qu’une autre a interdit l’accès aux réseaux sociaux, bien que cela ait conduit à un sentiment d’exclusion chez l’adolescente.

Les dermatologues, quant à eux, insistent sur l’importance d’une communication ouverte entre parents et enfants. « Il est crucial d’expliquer aux jeunes que prendre soin de sa peau ne signifie pas suivre aveuglément toutes les tendances en ligne », rappelle le docteur Alonso. Une approche raisonnée et informée peut non seulement protéger la santé cutanée des adolescents, mais aussi renforcer leur confiance en eux.

Alors que les ventes de produits cosmétiques continuent de croître, cette tendance soulève des questions plus larges sur l’impact des réseaux sociaux sur la jeunesse. Une régulation accrue, accompagnée d’une sensibilisation collective, pourrait être la clé pour encourager une consommation plus responsable et préserver le bien-être des générations futures.

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Clara Lemouq

Clara Lemouq

Moi c’est Clara ! Passionnée de beauté depuis toujours, j’ai fait de ma curiosité et de mon amour pour les soins et le maquillage une vraie mission : vous accompagner dans votre quête d’éclat et de bien-être. Diplômée en cosmétologie, j’adore dénicher les dernières tendances, tester des produits, et partager des astuces simples pour sublimer votre quotidien. Mon objectif ? Vous montrer que la beauté est accessible à tous et qu’il suffit de trouver ce qui vous correspond vraiment.